mardi 22 juin 2010

Bonne St-Jean!

"On est peut-etre quelque chose comme un grand peuple..."
 
Depuis un certain moment, cette phrase de Levesque me trotte dans la tete. Quoiquil en soit, je ne prevois pas publier dans les tous prochains jours, alors je prefere vous le dire maintenant que trop tard (surtout que pour moi, le 23 cest dans 2h...)
 
Alors, je nai pas donner de nouvelles pour un long moment, je dois donc me mettre a la tache:
 
Mardi 22 juin 2010, vers minuit,
 
Jeudi 17 juin 2010
Jai dejeuner avec 2 Francaises delicieuses (avec qui jai dailleurs souper hier) et le rigolo Yassine (on la retrouver hier avec la troupe de Mar Mussa, celui-la). Depart vers 9h30 pour Bosra, ville pres de la frontiere jordanienne. Lamphitheatre romain est partulierement exceptionnel: quoiquun peu plus petit que celui dAmman, il est tres bien conserver: le plus impressionnant aussi pour la qualite du son. Etrangement, cest egalement une forteresse musulmane, car on a fortifer lenceinte exterieure: donc a la fois une ruine romaine et un chateau! La "vieille ville" (elle date des Nabateens, on est loin du Vieux Quebec!), grande etendue de batiments plus ou moins delabrer par les siecles, est toujours habitee, a ma grande surprise! Condition de vie = 0, mais personne na lair den souffrir beaucoup. On est pauvre, mais pas miserable, abattu, sans espoir. La mosquee dOmar (cest seulement une superstition locale: elle a ete erigee plusieurs siecles plus tard la mort du 2e Calife) est plutot decevante, a la fois de linterieur et de lexterieur: ce tas de gravas ne valaient meme pas une photo. Jai egalement vu la Mosquee (la vraie, la plus grande de la ville) de Bosra, dont la cour pavee reproduit a lhorizontale les elements architecturaux importants de la structue (clin doeil a Sophie et au cours dhistoire de lart que jai suivi). Lyhpodrome nest quune etendue abandonnee. Retour a Damas sur lheure du souper et aussitot depart pour Palmyre vers 8h30-9h00. Je sommeille tout le long du trajet, me reveille effectivement a Palmyre (ce que jignorais alors) et devant limpassibiliter du chaufeur et de mes voisins informers de mon itineraire, je me rendors et me disant quaboutir a Deir ez-Zur (encore plus a lEst du pays) me serait profitable: je naurai pas a revenir sur mes pas pour le reste de mon voyage en Syrie. On arrive effectivement dans cette ville isolee vers 2h00 du matin. Je minstalle sur un banc (tres incomfortable dailleurs) pour ecrire et dormir un peu avant le matin. Journee danniversaire tres particuliere, donc...
 
Vendredi 18 juin 2010
Etrangement peu affaibli par mon sommeil inquiet de quelques minutes, je pars a pied pour trouver mon hotel (une marche de 5km, environ). Retour aux methodes antiques dorientation: au panneaux indicateurs en arabe, on ajoute la position du soleil levant! (O combien plus utile qune carte, parfois) Je finis par me trouver un hotel tres peu cher et je pars aussitot vers la station de microbus pour aller vers le site de Dura Europos. Jattends 1h dans une structure dacier surchauffee (il fait 45 degres aujourdhui, mais au moins il ne fait pas soleil). Le trajet se passe super bien. On marrete au milieu de nulle part en me pointant du doigt des ruines a peines visibles dans la poussiere. Dura Europos est une ville fortifiee hellenistique dont il ne reste plus grand chose. Si cette foutue poussiere bloque les rayons du soleil, elle nempeche pas la chaleur de passer et je tente daller me chercher de leau dans une citerne que japercois a quelques centaines de metres du mur denceinte. Cest en atteignant cette citerne que je comprends deux choses a propos de la ville: le ravin qui lentoure lui assure une defense naturelle surprenante (la batarde de citerne est de lautre cote dudit ravin que jai du trraverser) et le site est reellement extraordinaire, chose que je navais pas saisis jusqualors (mais quand jai vu que jescaladais une montagne de tessons de 25-30 metres, jai compris...). La vue sur lEuphrate, ce fleuve mythique sur les bords duquel est ne la civilisation, devait etre spectaculaire: cependant, je nai pas savourer la chose a sa juste valeur a cause du nuage de poussiere (encore lui) qui couvre toute la region aujourdhui. Pour le retour, je suis forcer de faire du pouce. Rapidement, une antiquite coloree roulante (on ne peut pas appeler cette chose un bus) chargee de travailleurs du sucre me prend pour mamener un peu plus loin sur le chemin du retour. On my accueille comme un roi. Chose frappante, cest une des femmes, nombreuses dans leurs habits traditionnels colores qui ne laissent que voir leur yeux sombres, qui me parle en anglais. Elle enleve meme son voile pde sorte a liberer son visage et facilicter ainsi la communication. Qui se serait attendu a une telle liberalite (une femme plus eduquee que les hommes qui ne sembarsse pas de son voile) dans une region plus que reculee de la Syrie et pres de la frontiere davec lIraq et lIran? Cest proprement genial! Jadore! On marrete un bus qui va un peu plus loin dans ma direction. Puis un autre. Je reviendrai ainsi jusqua Deir ez-Zur sans payer un rond et me preoccuper du transport: lhospitaliter arabe aura fait le tout. A mon arrivee, je machete un melon deau complet qui me servira de diner, collation et souper. Je reste a lhotel pour le reste de la journee et soiree (a noter quun taxi my a mener gratuitement...), histoire de prevoir mon itineraire des prochains jours, faire un immense lavage bien meriter et echapper un peu a la fournaise.
 
Samedi 19 juin 2010
Je commence cette journee par la visite du pont suspendu construit pendant le mandat francais qui enjambe lEuphrate. Je reste un bon moment dans les environs pour savourer la vue (claire, heureusement) et la fraicheur que projette les ombres des arbres. Je vais ensuite au musee national, ou je me passionne pour le passage de lhomme de letat sauvage a celui detre civiliser: poterie, ecriture, outils divers appuient de longs textes passionnants que je lis tous (ce qui semble profondement exasperer le gardien qui se voit obliger de me suivre pas a pas). En revenant, tout heureux mais affamer, dudit musee, je marrete dans la rue pour consulter le tout-puissant Lonelyplanet. Une jeune homme me demande si jai besoin daide. Je refuse, craignant un vendeur du babioles quelconques. Il insiste en minvitant a manger et en me racontant quil est etudiant en litterature anglaise a luniversite de Deir ez-Zur. Il me cite aussitot du Hemingway de memoire, en me dirigeant vers une station de minibus retiree dont je naurais meme pas deviner la presence si jaurais passser seul a quelques pieds. Cest ainsi que je me retrouve a etre linviter de Khaled (celui qui ma aborder), Malik, Iyad et Ibrahim. Ce dernier est le seul a etudier en litterature arabe, alors que les autres sont plutot sur le dossier anglophone. Il me donnera, devant mon insistance, plusieurs auteurs dimportance de la tradition arabe (dont, evidemment, Ibn Sina, Ibn Rushd et al-Bukhari). On ne me laissera pas payer limmense repas ni le the, ni rien. On mexpliquera que meme si lhospitaliter arabe se perd dans les villes, elle reste bien vivante en campagne: si je le demande, mes hotes me logeront et nourriront a leurs frais pour au moins 3 jours. Je me sens tout de meme un peu gener, parce quapres tout je dois posseder plus dargent que 3 fois le budget des 4 reunis... Je les quitte a regret pour prendre le dernier bus en direction de Palmyre. Pendant le trajet, un instructeur de la police syrienne mentretient sur tous les sujets: nous faisons un concours de connaissance de capitales (je me suis fait laver; jy ai toujours ete horrible) et il me montre des videos de ses exploits (exercices de tir, funambulisme, etc) tout en mapprenant des mots en arabe. Malgre langlais tres limiter de Muhammad, nous nous amusons bien tous les deux et le trajet denviron 3h passe vite. A Palmyre, tout le monde demande trop cher: mes nouveaux talents de negociateur ont ete plus qutile (1/2 de la course en taxi et 2/3 du prix de la chambre dhotel). Il faut dire quil ny a pas beaucoup de touristes en ville, ce qui accentue mon pouvoir de consommateur... Je soupe tres bien au Traditional Palmyra restaurant, decorer avec de grands drapeaux de Bob Marley et de faux bambous... Vraiment sympa comme resto! Jy viendrai dailleurs manger pour chaque repas (cest le resto le moins cher de Palmyre) et pour aller sur internet (jai reussi a negocier une reduction). Je mendors serein, dans le dortoir que joccupe seul.
 
Dimanche 20 juin 2010
Lever des 6h30 pour prendre des photos du site avec de la lumiere potable (cotoyer quelques temps avec Joel Carillet, ecrivain-photographe-voyageur professionnel americain a ses avantages). Je hante le site tout seul en mextasiant devant la qualitee et surtout le nombre des ruines restantes! Cest IN-CRO-YA-BLE! Pour quelquun qui aime lhistoire, cest une experience a ne pas manquer! Cest superbe et en plus, on na pas a subir les foules de Petra. Je retourne en ville pour dejeuner et je pars ensuite vers les tombes eloignes, dans les collines. En allant chercher mes tickets, je rencontre le premier Syrien qui agit comme un con depuis le debut de mopn voyage: il faudra lintervention du conservateur du musee pour lui faire comprendre que je pouvais visiter les foutues tombes sans transport autre que mes deux fideles jambes. Je visite donc deux mausolees romains de styles differents: une tour et un hypogeum (qui se trouve sous la terre, auront deviner les amateurs detymologie). Letat de conservation est parfait ou presque. Les fresques sont en bon etat egalement. En apres-midi, je visite le musee (riche en bas-reliefs personnaliser qui venaient couvrir les loculi, "tablette" dans le mur ou on placait les corps) et explore plus en detail la cite de Palmyre. Le temple de Bel est particulierement immense. Les colonnades et le tetrapylon sont epoustoufflants. Vers 17h30, je fais lascension du djebel proche pour y atteindre la citadelle (datant du 12e, renovee au 17e) qui offre une vue en surplomb de la cite complete dans toute sa majestee dans la lumiere du couchant. Je reviens manger en ville et reponds a quelques messages (meme avec une reduction, linternet a Palmyre est toujours hors de prix) avant daller me coucher.
 
Lundi 21 juin 2010
Je pars vers midi de Palmyre vers la ville de Homs. Y arrivant en apres-midi, je visite la principale attraction de cette ville somme toute banale: la mosquee de Kaled ibn al-Walid qui contient la depouille du compagnon du Prophete. La mosquee, construite au 19e par les Ottomans, est etonnament simple: son interieur, soutenu par les 4 "pattes delephant" typiquement turques est dun blanc uni. Grand general ayant gagner plus de 100 batailles sans defaite, Khaled ibn al-Walid est surnommer Saif Allah, "lepee de Dieu". En lien avec se surnom, les ampoules des chandeliers sont soutenues par des branches en forme de sabre. Je ne sais pas trop quoi retirer dune telle devotion religieuse pour un homme dont les principales reussites sont militaires... Apres le souper, je me couche pour une sieste, mais jy resterai finalement jusquau lendemain.
 
Mardi 22 juin 2010
Depart matinal de Homs pour le celebrissime Krak de chevaliers. Cest de loin le chateau-fort le plus marquant de mon voyage. Il est demesurer et dans un etat de conservation plus que remarquable. Jai adorer ses grands halls abandonnes et ses couloirs etroits et sombres souvrant a intervalles plus ou moins reguliers sur la mince fente de lumiere une meurtriere. La structure plutot brute et sans raffinement (cest une citadelle croisee en terre dislam, apres tout) est rafraichie par une salle typiquement gothique qui a conserver un peu de ses ornements et de sa dentelle de pierre. Les lierres couvrent par intermitence les puissants murs, epais de plusieurs metres. Bref, jai adorer. Chose etrange, les escaliers en colimacon, contrairement a ce que javais appris, sont construis dans le sens contraire des aiguilles dune montre, ce qui complique plus le travail du defenseur que ca ne lavantage... Sur la route du retour, je rencontre le deuxieme Syrien sans civisme de mon voyage: cette tete de grumeau refusera de se deplacer pour que je massoie au seul endroit ou je pouvais mettre mon gros sac. Il rira tout le long du trajet du fait que mon sac, sur mes genoux, touche au plafond (je voulais pas payer le double prix en le mettant sur un banc adjacent, comprenez-le bien). A Tartus, je me trouve un hotel assez rapidement en morientant, une fois de plus, avec le soleil (couchant, cette fois-ci) et la mer. Jai consacrer le reste de ma soiree a la redaction de ce texte. Demain, je visiterai des sites autour de Tartus et partirai en fin dapres-midi vers Hama.
 
Voila tout ce que jai fait depuis le jour de ma fete! Et dire quapres tout ca, jusqua maintenant, je nen suis meme pas a la moitier de mon voyage!
 
 
Bonne St-Jean, une fois de plus,
 
 
al-Musafir
P.S. Jessaie de vous joindre des photos, mais les connections internet sont trop bancales jusqua maintenant. Desole!


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